Le transgénérationnel ou le poids de l'héritage familial

Eric Berne, psychiatre américain, fondateur de l’Analyse Transactionnelle vers les années 1950, raconte l’anecdote suivante : c’est l’histoire d’une famille où on coupe le rôti aux deux bouts avant de le faire cuire. Quand on demande à la mère pourquoi elle procède ainsi, elle répond : « Parce que ma mère faisait de même ». En fait, c’est la grand-mère qui avait commencé car… elle avait un plat trop petit pour contenir le rôti !

Cette histoire illustre la façon dont on enseigne inconsciemment techniques et manières de faire dans une famille donnée.

Nos ancêtres sont importants. Certaines civilisations le savent bien et vouent des cultes à leurs ancêtres, par exemple au Japon.

Ces générations qui nous ont précédés nous ont laissé un héritage. Celui-ci n’est pas seulement d’ordre matériel, mais aussi psychologique. Il constitue un bagage invisible mais bien présent, qui peut nous conduire à certaines impasses. Les drames vécus par nos ancêtres et non résolus émotionnellement sont transmis aux générations suivantes pour être liquidés par celles-ci. Ainsi, nous nous retrouvons parfois avec un héritage qui conduit notre vie de façon souterraine.

Martine a été confrontée pendant la guerre à des soldats dont elle a eu très peur mais elle n’en a jamais parlé. Sa fille ne supporte pas les uniformes et a déclenché une véritable phobie à la vue de ceux-ci.

On peut véritablement parler d’un poids de l’héritage familial.

Un titre de livre dit très bien les répercussions que certains événements de la vie de nos aïeux peuvent avoir sur les générations suivantes : Aïe, mes aïeux ! » d’Anne Anclein Schützenberger ou « Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres » de Nina Canault. Les mémoires accessibles, celles qui ont été verbalisées ne gênent pas nos désirs, notre réalisation. Il n’en va pas de même des mémoires présentes mais inconscientes (non verbales).

Comme un fil invisible, notre héritage transgénérationnel nous mène.

 

Le secret de famille est ce qui ne peut pas être oublié. Il sert à masquer la honte, la culpabilité. Nous pouvons rester fidèles au secret en refusant de savoir. Mission loyauté, héritage invisible : c’est de tout cela que le transgénérationnel nous parle.

Comment l’analyse transactionnelle parle-t-elle du transgénérationnel ? Elle l’explique en termes d’état du moi. Le transgénérationnel est inscrit dans le « Parents ». Le système « Parent » est « organisateur de l’expérience d’autrui ». Il va être composé de l’introjection des états du moi des personnes « modèles ». Ainsi, les états du moi introjectés par la mère dans l’exemple du rôti comportent l’introjection des états du moi de la grand-mère et ainsi de suite, comme des poupées gigognes.

Dans l’état du moi Parent, nous intégrons l’expérience de différents modèles dans différents espaces-temps.